Monument aux morts

       Monument aux morts

  1. 1 Origine, définition et fonction d’un « monument aux morts » ?

Un « monument aux morts » est un édifice érigé par les collectivités territoriales, le plus souvent les communes, pour honorer la mémoire de leurs concitoyens « Morts pour la France ». Le statut de « Mort pour la France » est introduit par la loi dès 1915. Son attribution a une grande importance pour la famille du disparu car elle ouvre droit aux pensions pour les veuves et au statut de pupilles de la nation pour les orphelins. Ladite mention est inscrite sur la grande majorité des monuments aux morts.

Apparus après la guerre de 1870-1871, les monuments aux morts ont été élevés dans leur grande majorité à la suite de la guerre de 1914-1918, les noms des « Morts pour la France » des conflits postérieurs y étant alors simplement ajoutés.

A l’origine, la fonction de ces édifices était de rassembler la population autour du souvenir de ceux qui ne reviendront plus vivre dans la commune, faisant ainsi participer la commune au travail de deuil des familles. Par ailleurs, graver les noms des morts revenait à donner à ceux-ci un peu de gloire à ceux qui s’étaient sacrifiés pour la victoire des armées françaises.

Juridiquement, les monuments aux morts sont pour la plupart des biens communaux et relèvent de la compétence des municipalités.

  1. 2.       L’Etat accompagne les collectivités pour la construction d’un « monument aux morts »

Dans la loi du 25 octobre 1919 (dont les anciens combattants sont à l’origine), l’Etat propose des subventions, établies en fonction du nombre de morts dans la commune et des ressources de celle-ci, à toutes les Municipalités désireuses de se doter d’un monument aux morts (ce n’était pas une obligation).

 La loi du 31 juillet 1920 fixa par la suite les conditions d’attribution et de calcul du montant des subventions versées par l’Etat aux communes pour l’érection d’un tel monument (nombre de soldats morts par rapport au nombre d’habitants de la commune connu d’après le recensement de 1911).

  1. 3.       La construction du « monument aux morts de Jauldes »

Le 23 février 1919, Monsieur le Maire (Etienne PIFFRE) soumet au Conseil Municipal le projet de construction d’un monument pour consacrer le souvenir des enfants de la commune « Morts pour la France ». Le Conseil accepte la proposition et décide d’inscrire au budget additionnel de 1918 une somme à ce sujet.

Le 16 mai 1920, Monsieur le Maire expose au Conseil Municipal que la Préfecture a demandé par l’intermédiaire du recueil des actes administratifs n°2 de janvier 1920 de fournir un état concernant une subvention accordée par l’Etat pour l’érection d’un Monument aux soldats Morts pour la France. Le Conseil considérant que l’état a été fourni en temps opportun demande à Monsieur le Préfet de vouloir bien l’informer de ce qui a été fait à ce sujet afin qu’il sache s’il sera accordée une subvention pour qu’il puisse faire ériger le monument suivant la somme dont il aura à disposer.

Lors d’une session extraordinaire du Conseil Municipal du 8 décembre 1920, Monsieur Le Maire informe que les disponibilités comprises au budget pour l’élargissement de la route n°11 dans la traversée du bourg, pour la confection de la route du Bois et pour les réparations du presbytère ont été attribuées aux frais occasionnées par la construction du monument aux enfants « Morts pour la France ». Le Conseil Municipal considère que l’affectation de ces diverses sommes au monument met le budget en fâcheux état et demande à l’Etat une subvention pour l’érection de ce monument.

Lors de sa session d’août 1921, Monsieur le Maire expose au Conseil Municipal qu’il serait utile d’offrir une place gratuitement aux soldats de la commune exhumés du front et réinhumés dans le cimetière communal. Le conseil décide d’offrir aux familles des soldats de la commune « Morts pour la France » un emplacement spécial gratuit et contigu pour tous désigné par le Conseil pour les réinhumer dans le cimetière communal. Les familles des soldats décédés n’auront pas le droit de se servir de cet emplacement pour s’y faire enterrer.

Revêtus de l’approbation de l’autorité préfectorale, les projets de monuments aux morts donnaient lieu à la rédaction d’un traité de gré à gré entre la commune, d’une part et le maître d’œuvre d’autre part incluant un cahier des charges et un délai de livraison. Une fois livré, le monument faisait l’objet d’un procès-verbal de réception définitive de l’œuvre dressé en présence du Maire, d’un ou de plusieurs de ses adjoints et du maître d’œuvre. Dans tous les cas, l’édification d’un tel monument donnait lieu à une inauguration.

Le Monument a été construit par Paul VIDEAU, tailleur de pierre de la commune de Jauldes. Un cahier des charges a été signé entre la commune de Jauldes et lui-même prévoyant :

  • Creusement des fondations et extraction des matériaux (50 francs)
  • Maçonnerie des fondations ; fourniture de la pierre, de la chaux et du sable nécessaire (324 francs)
  • 2 marches en pierre demi-dure et le reste en pierre de Saint Même (1ère qualité)

16 mètres courant autour du Monument de bordures d’une épaisseur de 0.20 m et d’une hauteur de 0.25 m avec un pilier en pierres à chaque angle d’une épaisseur de 0.20 m et d’une hauteur d’un mètre destiné à recevoir une grille.

Il gravera sur la façade principale les noms et prénoms avec le grade des soldats Morts pour la France ainsi que les noms des membres du Conseil Municipal sur la façade opposée.

Les lettres seront peintes en noir. Il scellera sur les 2 faces latérales 4, 6 ou 8 agrafes en fer pour y accrocher des couronnes (3 000 francs)

  • Il placera sur la bordure une grille en fer demi-rond d’une épaisseur de 23 mm, traverse renforcée, hauteur un mètre, longueur de grille 16 mètres avec porte sur la façade principale, posée (850 francs)

TOTAL : 4 224 francs

A cette époque, cette somme était très conséquente : en effet, celle-ci représentait environ 70 % des dépenses de la commune !

Monsieur Paul VIDEAU s’engage à livrer le monument dans un délai de 3 mois après l’acceptation du projet par le Chef de l’Etat. Chaque jour de retard sera passible d’une indemnité journalière de 10 francs payée par l’entrepreneur à la commune. Monsieur Paul VIDEAU ne sera payée qu’après l’acceptation du travail par les membres de la commission.

Lors du Conseil Municipal du 18 décembre 1921, Monsieur le Maire informe le Conseil que les travaux pour l’érection d’un monument érigé en l’honneur des enfants de la commune « Morts pour la France » ont été commencés le 17 août 1921 et terminés le 13 novembre 1921 et que l’avis de la commission spéciale conduit à l’adoption de ces travaux.

  1. 4      L’inscription des noms sur le « monument aux morts »

La loi du 27 avril 1916 prévoit la création d’un diplôme d’honneur des militaires morts pour la patrie. Celle du 25 octobre 1919 lance le recensement des disparus de chaque commune de France.

S’appuyant sur l’esprit de la loi du 25 octobre 1919, un usage s’est imposé comme référence pour les décisions municipales : l’inscription d’un nom se justifie pleinement lorsque le défunt, décédé au cours d’une guerre, est titulaire de la mention « Mort pour la France », et est né ou domicilié légalement en dernier lieu dans la commune considérée.

A Jauldes, ce sont 20 noms qui ont été gravés sur le « monument aux morts » alors que la commune compte 23 « Morts pour la France ». Ces 3 noms ont été rajoutés en 2010.

Liste soldats

L’article 2 de la loi du 28 février 2012 fixant au 11 novembre la commémoration de tous les morts pour la France précise désormais les modalités de cette inscription : « Lorsque la mention « Mort pour la France » a été portée sur son acte de décès dans les conditions prévues à l’article L. 488 du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre, l’inscription du nom du défunt sur le monument aux morts de sa commune de naissance ou de dernière domiciliation ou sur une stèle placée dans l’environnement immédiat de ce monument est obligatoire ».